Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frir pour nous sur la croix que par sa nature humaine, comme Il ne pouvait donner autrement que par sa Divinité un prix infini à ses souffrances. Ce serait, par conséquent, renverser le mystère de notre rédemption que de reconnaître en Christ la fusion ou le changement des deux natures en une seule (p. 100, 101).

De plus

Les deux natures étaient unies en Christ indivisiblement et inséparablement : Indivisiblement, en ce sens que, quoiqu’elles résidassent en Lui dans leur parfaite intégrité et avec leurs différences, avec toutes leurs qualités particulières, elles n’existaient point séparément, ne formaient pas deux personnes particulières, n’ayant entre elles qu’une union morale, comme l’enseignait Nestorius, mais étaient réunies dans la seule et même hypostase de l’Homme-Dieu : vérité que nous avons déjà développée. Inséparablement, en ce sens que s’étant unies dans la seule et même hypostase du Sauveur au moment de sa conception dans le sein de la Vierge, ces deux natures ne se sont plus séparées et ne se sépareront jamais ; leur union est perpétuelle (p. 101, 102).

De sorte que :

« Si quelqu’un dit », lisons-nous, dans saint Grégoire le Théologien « qu’à présent Il (le Sauveur) a quitté sa chair, et qu’en lui la Divinité demeure dépouillée du corps, mais ne confesse pas qu’il demeure aujourd’hui encore et reviendra avec l’humanité qu’il a prise, qu’un tel homme ne voie jamais la gloire de sa venue ! Car où est présentement le corps, sinon avec Celui qui le prit ? Il n’est point dans le soleil, comme le disent avec tant de légèreté les Manichéens, pour y être glorifié sans gloire ; il ne s’est pas répandu ni déployé dans l’air, comme la vibration de la voix, l’émanation du parfum, le sillonnement de l’éclair qui ne s’arrête pas.