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de la chute, » disent les Patriarches de l’Orient dans leur Lettre sur la Foi orthodoxe, « non point le péché lui-même, mais l’inclination au péché et les misères par lesquelles la justice divine punit l’homme de sa désobéissance, savoir : les travaux accablants, les chagrins, les infirmités corporelles, les douleurs de l’enfantement, une existence pénible mais temporaire, sur cette terre de passage, enfin la mort corporelle. » Cette distinction entre le péché originel et ses conséquences doit être toujours présente à l’esprit, surtout dans certains cas, pour bien comprendre la doctrine de l’Église orthodoxe (pp. 598, 599).

§ 92. — Réalité du péché originel, sa généralité et son mode de transmission.

L’Église orthodoxe enseigne que le péché originel s’est transmis, avec toutes ses conséquences, d’Adam et d’Ève à tous leurs descendants par la naissance naturelle, qu’il existe donc indubitablement. « Qui peut rendre pur celui qui est né d’un sang impur ? N’est-ce pas Vous seul ?… Vous avez marqué les bornes de sa vie et il ne peut les passer (Job. xiv, 4, 5). Évidemment il est ici question d’une certaine souillure dont nul homme n’est exempt et qu’ils apportent tous en naissant. Quelle est donc cette souillure ? Comme elle est, suivant la description de Job, la cause des misères de la vie humaine (Ibid., 1, 2) et qu’elle rend l’homme coupable devant le tribunal de Dieu (Ibid., 3), il faut bien admettre qu’il s’agit ici de la souillure morale et non de la souillure physique, qui n’est que la conséquence de la première, et ne peut par elle-même rendre l’homme coupable devant Dieu ; qu’il s’agit proprement de cette culpabilité de notre nature, qui de nos premiers parents se communique à chacun de nous…

« En vérité, en vérité je vous le dis, si un homme ne renaît de l’eau et du Saint-Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est