Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rence à tel autre. Cela obtenu, je demeurai terrifié : je compris que toute cette doctrine n’était que l’assemblage artificiel (par les liens extérieurs les plus frêles) d’expressions n’ayant entre elles rien de commun, émanant de personnalités diverses, et qui se contredisent réciproquement. Je compris que cette union ne peut être utile à personne, à rien, et que jamais personne n’a pu croire, ni n’a cru en toutes ces doctrines. Par conséquent, pour réaliser l’union impossible de ces différentes doctrines en une seule et les propager toutes comme étant la vérité, il faut qu’il y ait un but quelconque, et un but matériel. Je devinai également ce but. Je compris pourquoi cette doctrine, aux lieux où on l’enseigne, dans les séminaires, produit infailliblement des athées. J’ai analysé aussi le sentiment étrange que j’avais éprouvé à cette lecture.

J’ai lu les œuvres dites sacrilèges de Hume, de Voltaire, mais jamais je n’ai ressenti cette conviction inébranlable de l’absence complète de la foi chez un homme, comme je l’ai ressentie en comparant le catéchisme et la théologie. En lisant dans ces œuvres les mêmes citations des Apôtres et des Pères de l’Église, qui composent la théologie, on voit que ce sont des paroles émanant d’hommes qui croient ; on entend la voix du cœur, malgré la grossièreté et même l’impropriété des termes. Quand on lit les paroles de l’auteur d’un catéchisme on voit clairement que son cœur reste étranger à