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mot à mot, d’abord le symbole de Nicée, puis le catéchisme de Philarète, puis les Messages des Patriarches d’Orient, puis l’Introduction à la Théologie orthodoxe de Macaire, puis la théologie dogmatique de ce même Macaire. Le ton sérieux, scientifique, de ces ouvrages, surtout des plus récents, comme la théologie de Macaire, était impossible à conserver dans leur analyse. Impossible de discuter, de réfuter les pensées exprimées, parce qu’on ne peut saisir aucune pensée clairement formulée. Aussitôt qu’on veut saisir une pensée, elle glisse, et cela précisément parce qu’elle est exprimée avec une imprécision voulue. Malgré moi je recommençais à analyser l’expression de la pensée elle-même, et j’arrivais à ce résultat : qu’il n’y avait aucune pensée définie. Les mots n’ont pas le sens qu’ils ont dans le langage ordinaire, mais un sens particulier, un sens dont la définition n’est pas donnée. S’il se rencontrait parfois une définition ou une explication de la pensée, c’était toujours dans le sens contraire. Pour définir ou expliquer des mots à peine compréhensibles, on emploie d’autres mots qui ne le sont pas du tout.

Longtemps je doutai de moi-même. Je ne me permettais pas de nier ce que je ne comprenais pas, et, de toutes les forces de mon âme et de ma raison, je tâchais de comprendre cette doctrine telle que la comprennent ceux qui affirment croire en elle et exigent que nous y croyions tous. Mais cela