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il ne reste que la polémique de l’auteur avec ceux qui nient le verset de Jean et avec les rationalistes, sur le fait que l’Église, jusqu’au quatrième siècle, n’admettait pas le dogme de la trinité.

Mais, supposons que je sois si stupide et si ignare que je me rende aux polémiques de l’auteur et veuille croire que le dogme de la trinité est reconnu par l’Église une, sainte, apostolique et infaillible. Je ne puis le croire, parce que je ne puis nullement comprendre ce que l’on me dit de Dieu en trois personnes. Ni moi, ni personne, ne pouvons connaître ce dogme du fait que les paroles, telles qu’elles étaient exprimées au commencement, sont restées, après de longs discours, de soi-disant explications et preuves, sans aucun sens pour un homme dont la raison n’est pas oblitérée.

En se basant sur la tradition sainte de l’Église, on peut affirmer tout ce qu’on veut, et si la tradition n’est pas ébranlée, on ne peut méconnaître la vérité de ce qu’on dit. Mais… il faut affirmer quelque chose. Et ici on n’affirme rien. Ce sont des paroles sans lien.

Supposons qu’on affirme que Dieu vit sur l’Olympe ; que Dieu est en or ; qu’il n’y a pas de Dieu ; qu’il y a quatorze dieux ; que Dieu a des enfants ou un fils. Toutes ces affirmations sont bizarres, barbares, mais chacune est liée à une idée, une conception. Mais quand on dit : Dieu est un et trois, on ne peut rapporter à cela aucune conception,