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toutes les forces de mon âme la vérité et le salut. À mes supplications, à mes larmes de désespoir, il répond : « Ce qui est indivisible se divise, ce qui est un se triple, ceci est le Père, le Fils et le Saint-Esprit vivant, conservant toutes choses. » Et à la réclamation de ma raison, qui m’est donnée pour comprendre Dieu, il n’y aura pas de réponse. Dire que je l’ai compris, je ne le puis ; et nul ne le peut. C’est pourquoi je ne puis dire que je crois. Je puis prononcer, avec mes lèvres : Je crois que « la divinité est unité et trinité, ô glorieuse relation ! » Mais si je le dis, je serai un menteur, un athée, et c’est ce qu’exigent de nous l’Église et les hommes qui affirment croire cela. Mais ce n’est pas vrai ; ils n’y croient pas et jamais personne n’y a cru. Chose extraordinaire : chez nous, en Russie, le christianisme existe depuis bientôt mille ans ; durant mille années, les prêtres ont enseigné à leurs fidèles les fondements de la religion. Le fondement de la religion, c’est le dogme de la trinité. Demandez à un paysan, à une femme, ce que c’est que la trinité ? À peine un sur dix vous répondra ; et l’on ne peut attribuer cela à l’ignorance. Demandez en quoi consiste la doctrine chrétienne, chacun répondra. Cependant le dogme de la trinité n’est ni compliqué ni long, pourquoi donc personne ne le connaît-il ? C’est parce qu’on ne peut connaître ce qui n’a pas de sens.

Après, ce sont les preuves que ces vérités, —