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Il fut étonné quand Elisabeth Pétrovna le pria d’allumer la bougie derrière le paravent et qu’il apprit qu’il était cinq heures. Si quelqu’un lui eût dit qu’il était dix heures du matin il n’en aurait pas été autrement surpris. Où était-il resté tout ce temps, que s’était-il passé ? il l’ignorait. Il voyait son visage enflammé tantôt étonné et souffrant, tantôt souriant et serein. Il voyait la princesse rouge, énervée, ses boucles grises en désordre, les yeux pleins de larmes qu’elle refoulait en se mordant les lèvres. Il voyait aussi Dolly, le docteur qui fumait de gros cigares, Élisabeth Pétrovna l’air ferme, résolu, rassurant, et le vieux prince qui se promenait dans le salon, les sourcils froncés.

Mais comment venaient-ils et sortaient-ils, où étaient-ils, il ne le savait pas. La princesse était tantôt avec le docteur dans la chambre à coucher, tantôt dans le cabinet de travail où, tout d’un coup, se trouvait une table dressée. Tantôt ce n’était pas elle mais Dolly. Ensuite Lévine se rappelait qu’on l’avait envoyé quelque part. Une fois on lui avait fait transporter la table et le divan. Il l’avait fait avec empressement, croyant que c’était nécessaire pour elle, et après il avait appris que c’était pour préparer une chambre pour lui-même. Puis on l’avait envoyé dans le cabinet de travail demander quelque chose au docteur, Celui-ci avait répondu, et s’était mis à parler de désordres dans le conseil municipal. Ensuite on l’avait envoyé dans la