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viennent-ils ? et il indiqua le monsieur sarcastique qui avait pris la parole dans la salle de réunion.

— C’est une génération nouvelle de gentilshommes.

— Nouvelle, oui, mais de gentilshommes, non. Ce sont des propriétaires terriens ; nous sommes, nous, des seigneurs. Peut-on compter parmi les gentilshommes ceux qui attaquent les droits de la noblesse ?

— Mais puisque selon vous c’est une institution surannée ?…

— C’est vrai, néanmoins il y a des institutions vieillies qui doivent être respectées. Par exemple, Snetkov… Nous ne valons peut-être pas grand’-chose, mais nous n’en avons pas moins duré mille ans… Supposez que vous traciez devant votre maison un nouveau jardin, et qu’à cet endroit se trouve un arbre séculaire… que cet arbre soit vieux, crevassé, cependant vous n’irez pas l’abattre pour mettre à sa place un massif de fleurs, et vous disposerez les massifs de façon à conserver l’arbre ; celui-là ne repousserait pas en un an, dit-il prudemment, et, aussitôt il changea de conversation : Eh bien, et vos affaires à vous ?

— Elles ne sont pas brillantes, elles ne me donnent que cinq pour cent.

— Sans compter votre travail. Vous valez aussi quelque chose ! Je le vois, par exemple, pour moi. Avant de m’occuper de mes terres j’avais un emploi