on aborda la question de comptabilité et la querelle
éclata entre le nouveau parti et l’ancien. La commission
chargée de contrôler les comptes déclara
à l’assemblée que toutes les sommes étaient
intactes. Le maréchal de la noblesse de la province
se leva pour remercier l’assemblée de sa confiance
et versa des larmes. Les gentilshommes l’accueillirent
bruyamment et lui serrèrent la main. Mais à
ce moment quelqu’un du groupe de Serge Ivanovitch
affirma avoir entendu dire que la commission
n’avait nullement vérifié les comptes en question,
considérant ce contrôle comme une offense faite
au maréchal de la noblesse. Un des membres de la
commission avait commis l’imprudence de l’avouer.
Aussitôt un monsieur de petite taille, l’air jeune et
très sarcastique, se mit à dire que le maréchal de
la noblesse aurait probablement à cœur de rendre
compte des sommes que la délicatesse excessive
des membres de la commission, le privant de cette
satisfaction morale, n’avaient pas cru devoir contrôler.
Les membres de la commission retirèrent leur
déclaration et Serge Ivanovitch entreprit de prouver
logiquement qu’il fallait admettre ou que les
sommes étaient vérifiées ou qu’elles ne l’étaient
pas, et il développa longuement ce dilemme.
Un orateur du parti adverse répondit à Serge Ivanovitch ; puis Sviajski prit la parole, enfin ce fut le tour du monsieur sarcastique. Les discours se succédaient sans aboutir à rien. Lévine était étonné de