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essayé, ce rôle qui devait faire la force de l’aristocratie russe, non seulement lui plaisait, mais après un essai de six mois, il y trouvait un plaisir de plus en plus grand, et son entreprise marchait admirablement. Il avait dépensé des sommes folles pour l’hôpital, les machines, les vaches qu’il avait fait venir de Suisse et pour d’autres acquisitions et, malgré cela, sa fortune augmentait. Quand il s’agissait des revenus, de la vente du bois, du blé, du fermage, Vronskï était dur comme un roc et ne cédait qu’à bon prix. Dans les questions d’administration, pour ses domaines et les autres, il s’en tenait aux règles les plus élémentaires et les plus sûres, et se montrait excessivement économe. Malgré toute la ruse et l’habileté que déployait l’Allemand pour l’entraîner dans des dépenses exagérées, dès que Vronskï avait reconnu qu’on pouvait arriver aux mêmes résultats en dépensant moins, il ne cédait pas. Il écoutait l’intendant, l’interrogeait, et ne tombait d’accord avec lui, que quand ce qu’il proposait de faire venir, ou construire, était une innovation en Russie, capable de provoquer l’admiration. De plus il ne se risquait dans les dépenses que s’il avait de l’argent disponible, et avant de s’y livrer, il calculait tout en détail et insistait pour que les sommes dépensées le fussent le mieux possible. Grâce à cette conduite prudente, il ne risquait pas de compromettre sa fortune, mais au contraire l’augmentait.