Elle voulait demander à Vassenka, par politesse, s’il ne les accompagnerait pas, mais elle se retint.
— Où vas-tu, Kostia ? demanda-t-elle à son mari d’un air coupable en le voyant sortir d’un pas résolu.
Cet air coupable confirma tous ses soupçons.
— En mon absence il est venu un mécanicien ; je ne l’ai pas encore vu, répondit-il sans la regarder.
Il descendit. À peine fut-il dans son cabinet qu’il entendit le pas bien connu de sa femme qui accourait rapidement chez lui.
— Que veux-tu ? Nous sommes occupés, lui dit-il sèchement.
— Excusez-moi, fit-elle s’adressant au mécanicien, qui était Allemand, j’ai quelques mots à dire à mon mari.
L’Allemand voulut sortir mais Lévine le retint.
— Ne vous dérangez pas.
— Il y a un train à trois heures ? demanda l’Allemand. Je ne voudrais pas le manquer.
Lévine ne répondit pas et sortit avec sa femme.
— Que voulez-vous ? lui demanda-t-il, en français, sans la regarder ne voulant pas voir son émotion. Tout son visage tremblait, elle avait l’air piteux, anéanti.
— Je… je veux dire qu’on ne peut pas vivre ainsi, que c’est un martyre…
— Il y a du monde à l’office, ne faites pas de scène, dit-il méchamment.