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serait un fils) qu’on lui promettait mais à laquelle cependant il ne pouvait croire, tant cela lui paraissait extraordinaire, d’une part, lui apparaissait comme un bonheur excessif et par conséquent impossible, d’autre part comme un événement si mystérieux que le fait de le discuter et le prévoir, comme s’il se fût agi de quelque chose de très ordinaire, le blessait et l’humiliait.

La princesse ne comprenait rien à ces impressions et voyait dans cette indifférence apparente de l’étourderie et de l’insouciance : aussi ne lui laissait-elle pas de repos. Elle venait de charger Stépan Arkadiévitch de chercher un appartement et appelait Lévine pour en causer avec lui.

— Faites ce que bon vous semblera, princesse ; je n’y entends rien, dit-il.

— Mais il faut décider l’époque de votre installation à Moscou.

— Vraiment, je ne sais pas. Je sais que des millions d’enfants naissent sans Moscou et le docteur. Alors pourquoi…

— Dans ce cas…

— Kitty fera ce qu’elle voudra.

— Kitty ne doit pas entrer dans ces détails. Veux-tu donc l’effrayer ? Sache que Natalie Golitzine est morte en couche, ce printemps, faute d’un bon accoucheur.

— Je ferai ce que vous voudrez, répéta Lévine d’un air sombre.