Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

garde ! » Et bientôt lui-même ronflait, et tout se tut.

Lévine n’entendit plus que l’ébrouement d’un cheval et le cri d’une bécasse. « Peut-on se contenter d’une justice négative ? » se répétait-il. « Eh quoi ! je ne suis pas coupable ! » Et il se mit à penser au lendemain.

« Je partirai de bonne heure. Je me donne ma parole de garder mon sang-froid. Il y a des quantités de bécasses et de bécassines doubles. En rentrant je trouverai sans doute un billet de Kitty… Oui, Stiva a peut-être raison… Je suis trop faible avec elle… Mais que faire ? De nouveau la négative… »

Tout en dormant il entendit le rire et les gais propos de Veslovski et de Stépan Arkadiévitch qui rentraient. Il ouvrit une seconde les yeux ; la lune était haute et elle les éclairait tous deux dans l’entre-bâillement de la porte. Stépan Arkadiévitch parlait de la fraîcheur de la jeune fille, la comparant à une noisette fraîche.

Veslovski, riant de son rire contagieux, répétait un mot dit probablement par un paysan : « Cherche la tienne de toutes tes forces ! »

Lévine à demi éveillé leur dit :

— Messieurs, demain à l’aurore ! et il se rendormit.