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que son état avait changé. Dans sa voix ainsi que dans son regard il y avait plus de douceur et de sérieux, comme il arrive chez les personnes toujours absorbées dans leur occupation favorite.

— Tu ne seras pas fatiguée ? Appuie-toi davantage, dit-il.

— Je suis heureuse d’être seule avec toi. Je t’avouerai que j’ai grand plaisir à être avec eux tous, mais que je regrette nos soirées d’hiver en tête à tête.

— C’était bien, et c’est encore mieux. Les deux sont bien, dit-il serrant son bras.

— Sais-tu de quoi nous parlions quand tu es venu ?

— Des confitures ?

— Oui, mais aussi des demandes en mariage.

— Ah ! fit Lévine écoutant plutôt le son de sa voix que ses paroles, attentif à contourner les obstacles contre lesquels elle aurait pu buter dans le sentier du bois qu’ils suivaient maintenant.

— Nous avons causé de Serge Ivanovitch et de Varenka. As-tu remarqué ? J’en serais heureuse… continua-t-elle. Qu’en penses-tu ?

Elle le regarda.

— Je ne sais que penser, répondit en souriant Lévine. Sous ce rapport Serge m’a toujours étonné… je t’ai raconté…

— Oui, qu’il a été amoureux d’une jeune fille qui est morte.