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d’orthographe. C’est, je crois, de cette femme… de ton frère… dit-elle… Non, je ne l’ai pas lue… Et celle-ci est des miens et de Dolly. Figure-toi qu’elle a mené Gricha et Tania à un bal d’enfants chez les Sarmatskï. Tania était en marquise…

Mais Lévine ne l’écoutait pas. Il prit en rougissant la lettre de Marie Nikolaievna, l’ancienne maîtresse de son frère Nicolas, et se mit à la lire. C’était la deuxième lettre qu’elle écrivait. Dans la première elle disait que Nicolas l’avait chassée de chez lui sans qu’elle eût rien à se reprocher, et, avec une touchante naïveté, elle ajoutait qu’elle ne demandait aucun secours, bien qu’elle fût dans la misère, mais que la pensée de Nicolas Dmitritch, maintenant seul, si malade et si faible, la tuait. Elle suppliait son frère de ne pas le perdre de vue.

Cette fois sa lettre était toute différente. Elle disait avoir retrouvé Nicolas Dmitritch à Moscou et être partie avec lui pour une ville de province où il avait trouvé une place. « Là, écrivait-elle, il s’est fâché avec son chef, et a repris le chemin de Moscou. Mais en route il est tombé si malade qu’il est douteux qu’il s’en relève. Il vous demande instamment et nous n’avons plus d’argent. »

— Lis donc ce que Dolly écrit de toi… commença Kitty en souriant mais elle s’arrêta aussitôt voyant la figure bouleversée de son mari : — Qu’as-tu ? Qu’arrive-t-il ?