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chage et avait résolu de s’y livrer, et quand la conversation avec son frère fut interrompue il se rappela de nouveau ses intentions.

« J’ai besoin d’exercice physique, pensa-t-il, autrement mon caractère s’altérera tout à fait. » Et il décida d’aller faucher malgré la gêne qu’il ressentait tant à cause de son frère que des paysans.

Le soir, Constantin Lévine alla au bureau donner des ordres pour les travaux, et il envoya au village voisin chercher des hommes pour faucher le lendemain la prairie Kalinovy, la plus belle de toutes.

— Et vous enverrez ma faux chez Tite ; qu’il la repasse bien et me l’apporte demain ; je faucherai peut-être moi-même, dit-il, en dissimulant son embarras.

L’intendant sourit et dit :

— Vos ordres seront exécutés.

Le soir, en prenant le thé, Lévine dit à son frère :

— Je crois que le temps est assez beau ; demain, je commence à faucher.

— J’aime beaucoup ce travail, dit Serge Ivanovitch.

— Moi aussi, je l’aime beaucoup. J’ai fauché quelquefois avec les paysans, et demain je faucherai toute la journée.

Serge Ivanovitch leva la tête et regarda son frère avec étonnement.