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situation envers sa sœur et je lui expliquerai pourquoi je ne puis aller dîner chez eux. »

— Faites entrer ! prononça-t-il à haute voix.

Et ramassant ses papiers, il les mit dans le buvard.

— Tu vois bien que tu mens et qu’il est chez lui, s’écria la voix de Stépan Arkadiévitch, s’adressant au valet qui n’avait pas voulu le laisser entrer et le suivait en lui ôtant son pardessus.

Oblonskï pénétra dans la chambre.

— Eh bien ! je suis très heureux de te trouver ! Alors, j’espère… commença-t-il gaiement.

— Je ne puis pas venir, dit froidement Alexis Alexandrovitch, debout, et sans inviter son visiteur à s’asseoir.

Alexis Alexandrovitch avait pensé aussitôt à prendre l’attitude froide qu’il croyait nécessaire en présence du frère de la femme contre laquelle il demandait le divorce. Mais il avait compté sans ce flot de bonhomie qui débordait de l’âme de Stépan Arkadiévitch. Celui-ci ouvrit largement des yeux brillants et clairs.

— Pourquoi ne peux-tu pas ? Que veux-tu dire par là ? demanda-t-il étonné. Non, c’est déjà promis et nous comptons tous sur toi.

— Je veux dire que je ne puis aller chez vous parce que les liens de parenté qui existent entre nous sont sur le point d’être rompus.

— Comment ? Qu’est-ce que cela veut dire ? prononça en souriant Stépan Arkadiévitch.