Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/313

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hôtel : c’était d’abord Lévine, de retour de l’étranger, puis son nouveau chef, qui venait d’être promu à ce poste important de Moscou, enfin son beau-frère, Karénine, qu’il voulait absolument emmener dîner.

Stépan Arkadiévitch aimait la bonne chère, mais il tenait surtout à offrir à des convives choisis, un repas composé de mets délicats et de boissons surfines. Le menu du dîner de ce jour lui plaisait particulièrement : il y avait des perches vivantes, des asperges, et la pièce de résistance était un superbe rosbeef nature ; les vins étaient à l’avenant. Quant aux invités, il devait y avoir Kitty et Lévine, et pour que cela n’eût pas l’air trop fait exprès, une cousine et le jeune Stcherbatzkï ; enfin, parmi les convives de marque, Serge Koznichev et Alexis Alexandrovitch ; le premier, Moscovite et philosophe, le second, Pétersbourgeois et politicien. Un autre invité, Pestzov, un charmant jeune homme de cinquante ans, célèbre par son originalité et son enthousiasme, libéral, beau parleur, musicien, historien, devait compléter cette réunion et servir de trait d’union entre Koznichev et Alexis Alexandrovitch, qu’il se chargerait de taquiner et d’exciter.

Le montant du second paiement, relatif à la vente de la forêt, venait d’être reçu et n’était pas encore dépensé ; Dolly, ces derniers temps, s’était montrée bonne et charmante ; enfin la pensée de ce dîner