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lée par la nouvelle de son infortune conjugale, reçut de ce chef une nouvelle atteinte ; il prit alors une grave résolution : au grand étonnement de la commission, il déclara qu’il demandait l’autorisation de se rendre lui-même sur les lieux pour étudier la question. Et, cette autorisation lui ayant été accordée, il partit pour les provinces lointaines.

Le départ d’Alexis Alexandrovitch fit beaucoup de bruit, d’autant plus qu’auparavant il annonça, dans une lettre officielle, qu’il renonçait à l’indemnité de route qu’on lui avait allouée pour douze chevaux.

— Je trouve cela très noble, disait Betsy à la princesse Miagkaïa ; pourquoi payer des chevaux de poste alors que chacun sait que maintenant il y a partout des chemins de fer ?

Mais la princesse Miagkaïa n’était pas de cet avis ; et même l’opinion de la princesse Tverskaïa n’était pas sans lui causer quelque dépit.

— Que vous parliez ainsi, disait-elle, vous qui avez je ne sais combien de millions, cela se conçoit ; mais, quant à moi, je suis très contente quand mon mari part l’été en inspection : il est à la fois très utile et très agréable pour lui de faire un voyage, et cela me procure l’argent nécessaire pour ma voiture et mon cocher.

En se rendant dans les provinces éloignées Alexis Alexandrovitch s’arrêta trois jours à Moscou.