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des paysans, venus pour s’embaucher, l’attendaient, et il sortit dans le vestibule pour leur parler.

Ayant donné les ordres pour les travaux du lendemain et terminé la réception de tous les paysans qui avaient quelque chose à lui dire, Lévine revint dans son cabinet et s’assit pour travailler. Laska se coucha sous la table. Agafia Mikhaïlovna, son tricot à la main, prit sa place habituelle.

Après avoir écrit un certain temps, il se rappela soudain, avec une vivacité extraordinaire, Kitty et son refus et leur dernière rencontre. Il se leva et se mit à marcher à travers la chambre.

— Voyons, il ne faut pas vous ennuyer ainsi, lui dit Agafia Mikhaïlovna, pourquoi restez-vous ici ? Vous feriez mieux d’aller aux eaux thermales ainsi que vous en avez l’intention.

— Je partirai après-demain, Agafia Mikhaïlovna. Il me faut auparavant terminer mes affaires.

— Mais quelles affaires avez-vous ? N’avez-vous pas assez donné aux paysans ? « Notre maître, disent-ils déjà en parlant de vous, attend sans doute une décoration du tzar ! » C’est incroyable ! Pourquoi vous souciez-vous tant des paysans !

— Ce n’est pas d’eux que je me soucie, c’est pour moi que je travaille.

Agafia Mikhaïlovna connaissait en détail les projets de Lévine. Souvent il lui exposait ses idées, discutait avec elle, et la brave femme ne partageait