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Malgré tout cela, Lévine était assez satisfait de la marche de l’affaire ; il n’avait, pensait-il, qu’à tenir strictement les comptes et à persévérer dans son idée pour leur prouver les futurs avantages de cette organisation et alors, l’affaire marcherait d’elle-même.

La besogne que lui donnait l’exploitation de la partie des terres qu’il avait gardées, jointe au travail de son livre, absorbèrent tellement Lévine pendant tout l’été qu’il n’alla pas à la chasse. À la fin d’août, il apprit que les Oblonskï étaient retournés à Moscou ; il fut informé de cette nouvelle par leur domestique qui rapporta la selle. Il savait qu’en ne répondant pas à la lettre de Daria Alexandrovna, il avait commis une grosse impolitesse ; il ne pouvait y penser sans honte ; ce faisant, il avait brûlé ses vaisseaux et s’était à jamais fermé leur maison. Sa conduite envers les Sviajskï, de chez qui il était parti sans dire adieu, lui semblait aussi blâmable, et chez eux également, il était résolu à ne jamais remettre les pieds. Maintenant tout lui était égal. La nouvelle organisation de ses affaires l’absorbait comme jamais de sa vie il ne l’avait été. Il lut le livre que lui avait donné Sviajskï, il s’en procura d’autres qui lui manquaient et relut aussi, sur ce sujet, un traité d’économie politique socialiste ; mais, comme d’ailleurs il s’y attendait, il ne trouva rien qui se rapportât à l’œuvre qu’il avait entreprise. Dans le traité d’économie politique de