Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semblait à Lévine avoir mieux compris que tout autre ses explications, se forma un artel, en partie avec sa famille, et fut chargé de l’exploitation du cheptel. L’exploitation des champs éloignés qui, depuis huit ans, laissait beaucoup à désirer, fut confiée, sous la surveillance d’un charpentier intelligent, nommé Fédor Rezounov, à six familles de paysans, moyennant de nouvelles conditions ; enfin le paysan Chouraïev eut dans les mêmes conditions tout le potager. Le reste demeura, pour l’instant, dans le même état qu’auparavant, mais ces trois artels constituaient pour Lévine un commencement de réalisation de ses projets et lui causaient un surcroît d’occupation.

À vrai dire le cheptel n’allait pas mieux qu’auparavant. Ivan s’opposait de toutes ses forces aux étables chauffées pour les vaches et à la fabrication du beurre avec la crème, prétendant que dans une étable froide, les vaches exigent moins de nourriture, et que le beurre fait avec la crème est plus léger ; en outre, il exigeait un salaire comme auparavant et ne se rendait pas compte que l’argent qu’il recevait, ne représentait point un salaire, mais bien l’avance de sa part du gain. De leur côté, les paysans adjoints à Fédor Rezounov n’avaient pas fait les semailles avec la semeuse, comme il était convenu, et ils s’en excusèrent, disant que le temps leur avait manqué. En somme, bien que ce nouveau mode d’exploitation eût été nette-