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tout le mal vient de nous qui gérons mal nos propriétés, et, quant à dire que l’exploitation au temps du servage était des plus florissantes, je ne saurais être de cet avis ; je la tiens pour ma part comme ayant été très inférieure. Nous n’avions pas de machines, le bétail laissait fort à désirer et pour ce qui est d’une direction, à vrai dire, il n’y en avait pas… Savait-on même compter ? Existait-il seulement un propriétaire capable de dire ce qui lui était avantageux ou non ?

— Vous voulez sans doute parler de la comptabilité italienne, dit ironiquement le propriétaire. Mais à quoi sert de savoir compter si l’on vous démolit tout et si vous n’avez plus de profit ?

— Mais d’où vient que l’on vous démolit tout. Je vais vous le dire : si vous vous servez d’une mauvaise machine à moudre de fabrication russe, elle sera certainement brisée ; employez au contraire une machine à vapeur elle résistera. Votre petit cheval russe… dont je ne me rappelle plus le nom et qu’il faut tirer par la queue pour le faire avancer, sera vite fourbu, alors qu’un percheron ou un solide cheval de trait supportera les pires fatigues. Et il en est de même de tout. Il faut à tout prix améliorer l’exploitation.

— Mais c’est impossible, du moins pour moi, Nicolas Ivanitch. Il vous est loisible à vous d’employer ces moyens ; mais moi, j’ai des charges, je dois entretenir mon fils aîné à l’université, les