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qu’il travaillait avec son chef de cabinet. Elle le fit prévenir de son arrivée puis passa dans son cabinet de toilette où elle entreprit de déballer ses malles en l’attendant. Mais une heure se passa sans qu’il vint. Elle se rendit alors dans la salle à manger sous prétexte d’y donner des ordres et se mit à causer à haute voix, afin d’attirer son attention. Mais il ne sortit pas, bien qu’elle l’entendît marcher jusqu’à la porte et reconduire son chef de cabinet. Elle savait que, suivant son habitude, il ne tarderait pas à sortir pour se rendre au ministère et elle tenait auparavant à s’entretenir avec lui afin de régler leurs rapports pour l’avenir.

Elle traversa la salle à manger et résolument se dirigea vers son cabinet. Elle entra : Alexis Alexandrovitch vêtu de son uniforme, était évidemment prêt à sortir ; il se tenait assis devant une petite table sur laquelle il appuyait ses bras et regardait tristement devant lui. Il ne la vit pas tout d’abord, Anna comprit qu’il pensait à elle.

Quand il la vit, il voulut se lever, mais se ravisa ; une vive rougeur envahit son visage, chose que chez lui Anna n’avait jamais vue ; se levant alors rapidement, il s’avança au-devant d’elle, fixant des yeux, afin d’éviter son regard, son front et sa coiffure. Il s’approcha d’elle, lui prit la main et la fit asseoir.

— Je suis très heureux que vous soyez rentrée, dit-il en s’asseyant près d’elle ; il était visible qu’il