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du vaguemestre qui, dans une attitude respectueuse, se préparait déjà à recevoir l’accolade.

— Eh bien ! le voilà ! s’écria le colonel. Et Iachvine prétendait que tu étais dans les humeurs noires !

Serpoukhovskoï donna l’accolade au brave vaguemestre, et essuyant sa bouche avec son mouchoir, s’approcha de Vronskï.

— Comme je suis heureux ! dit-il en lui serrant la main et l’entraînant à l’écart.

— Occupez-vous de lui ; cria le colonel à Iachvine en désignant Vronskï ; et il descendit vers les soldats.

— Pourquoi n’es-tu pas venu aux courses, hier ? Je comptais t’y rencontrer, dit Vronskï en regardant Serpoukhovskoï.

— J’y suis allé, mais fort tard, dit-il ; puis, s’adressant à un aide de camp :

— Yeuillez partager cela entre les soldats.

Il tira hâtivement de sa poche trois billets de cent roubles qu’il remit en rougissant à l’officier.

— Vronskï, désires-tu boire ou manger ? demanda Iachvine. Hé ! donnez donc quelque chose à manger au comte. Tiens, bois cela, en attendant.

La fête se prolongea longtemps chez le colonel : on but beaucoup. On porta en triomphe Serpoukhovskoï et le colonel. Après quoi, ce dernier et Petritzkï dansèrent devant les chanteurs. Puis le colonel, se sentant un peu las, s’assit sur un banc,