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Ceci fait, elle cacheta la lettre, et Betsy, en rentrant, la remit devant elle au domestique.

Pendant le thé qu’on leur servit sur une petite table, dans le petit salon plein de fraîcheur, les deux femmes eurent, en effet, le cosy chat promis par la princesse avant l’arrivée des invités. Elles causaient, en les jugeant, de celles qu’on attendait, et la conversation s’arrêta sur Lisa Merkalova.

— Elle est charmante et m’a toujours été très sympathique, dit Anna.

— Vous avez raison de l’aimer, elle est folle de vous. Hier elle est venue me voir après les courses, elle était au désespoir de ne pas vous rencontrer. Elle dit que vous êtes une véritable héroïne de roman et que si elle était homme, elle ferait des folies pour vous, à quoi Strémov lui réplique qu’elle en fait assez sans cela.

— Mais, expliquez-moi donc une chose que je n’ai jamais pu comprendre, dit Anna après un moment de silence et d’un ton qui montrait clairement qu’elle ne faisait pas une question banale, mais que ce qu’elle demandait avait une réelle importance pour elle. Dites-moi, je vous prie, quels rapports y a-t-il entre elle et le prince Kaloujsky, qu’on appelle Mickha ? Je les ai rarement rencontrés ensemble. Qu’y a-t-il entre eux ?

Betsy sourit des yeux et regarda attentivement Anna.

— C’est un nouveau genre, dit-elle. Toutes