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cette idée, il n’en doutait pas, était d’une très grande utilité pour le pays. Aussitôt que le domestique qui apportait le thé fut sorti de la chambre, Alexis Alexandrovitch se leva et s’approcha de son bureau. Plaçant devant lui, avec un fin sourire de satisfaction, la serviette contenant les affaires courantes, il prit un crayon et se plongea dans la lecture d’une affaire compliquée. Voici en quoi elle consistait :

Le trait caractéristique d’Alexis Alexandrovitch comme homme d’État, celui qui le distinguait comme fonctionnaire hors ligne et qui avait contribué à son succès autant que son ambition, sa persévérance, son tact, son honnêteté et sa confiance en lui-même, c’était le mépris absolu qu’il avait de la paperasserie, de la correspondance inutile, qu’il réduisait le plus possible, afin de prendre contact avec les affaires réelles et de réaliser une économie. Il arriva que, dans la célèbre commission du 2 juin, fut mise à l’ordre du jour la question de l’épandage des terres de la province de Zaraïsk, qui relevait du service d’Alexis Alexandrovitch, et offrait un exemple frappant de l’inutilité des dépenses et de l’inertie administrative. Cette question de l’épandage de la province de Zaraïsk remontait à l’administration du prédécesseur d’Alexis Alexandrovitch, et avait effectivement coûté beaucoup d’argent, dépensé en pure perte. Alexis Alexandrovitch, dès son entrée au minis-