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était la suivante : Y a-t-il une limite entre les phénomènes psychologiques et physiologiques dans l’activité de l’homme, et où se trouve-t-elle ?

Serge Ivanovitch accueillit son frère avec son sourire habituel, doux et froid, puis, l’ayant présenté au professeur, il continua sa conversation. Le savant, un petit monsieur à lunettes, au front étroit, quitta un moment la conversation pour saluer le nouveau venu, puis continua l’entretien sans plus faire attention à lui. Lévine s’assit en attendant le départ du professeur, mais bientôt il se prit d’intérêt pour la conversation ; il avait remarqué, dans les revues, les articles dont il s’agissait ; il les avait lus et s’y était intéressé comme à une évolution des principes des sciences naturelles qu’il connaissait, pour avoir suivi les cours de la Faculté des sciences ; mais il n’avait jamais rapproché ses conclusions scientifiques sur l’origine zoologique de l’homme, sur les réflexes, sur la biologie et la sociologie, des questions sur l’importance de la vie et de la mort qui, depuis ces derniers temps, lui venaient fréquemment à l’esprit.

En écoutant la conversation de son frère avec le philosophe il remarqua qu’ils liaient ces questions entre elles. Par moments, il croyait qu’ils allaient enfin aborder ce sujet, mais chaque fois qu’ils s’en approchaient, aussitôt, ils s’en éloignaient, lui semblait-il, avec une certaine hâte et, de nouveau s’enfoncaient dans le domaine des distinctions subtiles,