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continua de l’élever, d’autant plus que celle-ci se trouvait alors sans parents.

Depuis plus de dix ans, madame Stahl vivait à l’étranger, dans le Midi, ne quittant pas le lit. Les uns disaient qu’elle se posait en femme vertueuse et très pieuse, d’autres soutenaient qu’elle était dans l’âme une noble créature ne vivant, comme elle l’affichait, que pour le bien de son prochain. Personne ne savait à quelle religion elle appartenait : était-elle protestante, catholique, orthodoxe, on l’ignorait, une seule chose était indiscutable, elle était en relations d’amitié avec de hauts personnages de diverses confessions.

Varenka avait toujours vécu avec elle à l’étranger et tous ceux qui connaissaient madame Stahl connaissaient et aimaient mademoiselle Varenka, comme tous l’appelaient.

Sachant tout cela, la princesse ne trouvait rien à dire au rapprochement de sa fille avec Varenka, d’autant plus que celle-ci avait des manières et une éducation très distinguées, parlait à la perfection le français et l’anglais, et, ce qui était le principal, avait transmis, de la part de madame Stahl, ses regrets de ne pouvoir, vu son état de santé, avoir le plaisir de faire connaissance avec la princesse.

Une fois présentée à Varenka, Kitty se rapprocha d’elle de plus en plus, et chaque jour découvrit en elle de nouvelles qualités.

La princesse, ayant appris que Varenka avait