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nouveau. Son principal intérêt dans la ville d’eaux était d’observer ceux qu’elle ne connaissait pas. Kitty attribuait toujours aux gens des sentiments extraordinairement beaux, surtout à ceux qu’elle ne connaissait pas, et maintenant elle s’efforcait de comprendre quel rapport existait entre eux et elle, et ce qu’ils étaient. Kitty s’imaginait les caractères les plus nobles et les plus beaux et prenait de l’intérêt à ses observations.

Parmi ceux qui l’occupaient particulièrement il y avait une jeune fille venue aux eaux avec une dame malade, madame Stahl. Cette dame Stahl appartenait à la haute société, mais elle était si malade qu’elle ne pouvait marcher, et seulement par les très beaux jours allait jusqu’à la source dans une petite voiture. Mais c’était moins le mal que l’orgueil — comme l’expliquait la princesse — qui faisait que madame Stahl ne connaissait personne parmi les Russes. Une jeune fille russe soignait madame Stahl et, en outre, comme le remarquait Kitty, elle se liait avec tous les malades gravement atteints, nombreux aux eaux, et, de la façon la plus naturelle, leur prodiguait aussi ses soins. Cette jeune fille russe, d’après les observations de Kitty, n’était pas parente de madame Stahl, et, en un même temps, ce n’était pas une garde-malade rétribuée.

Madame Stahl l’appelait Varenka, les autres l’appelaient mademoiselle Varenka. Outre que Kitty