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qu’un voulait entrer. Tous, heureux de cette distraction, se retournèrent, mais le gardien de service accourut et referma aussitôt la porte vitrée. Quand la lecture du rapport fut terminée, Stépan Arkadiévitch se leva en bâillant, et, payant tribut au libéralisme d’alors, prit une cigarette et s’en alla fumer dans son cabinet de travail. Deux de ses camarades, le vieux fonctionnaire Nikitine et le chambellan Grinévitch, l’y suivirent.

— Nous terminerons après le déjeuner, dit Stépan Arkadiévitch.

— Comment donc ! fit Nikitine.

— Ce doit être un fameux coquin ce Fomine, dit Grinévitch, faisant allusion à l’un des personnages en cause dans l’affaire qu’ils discutaient.

À ces paroles, Stépan Arkadiévitch fronça les sourcils, donnant à entendre par là qu’il était inconvenant de préjuger ainsi, et il ne répondit rien.

— Qui donc est entré ? demanda-t-il en s’adressant au gardien.

— Un monsieur quelconque, Votre Excellence. Il est entré sans se faire annoncer, profitant d’un instant où je m’éloignais. Il a demandé à vous entretenir. Je lui ai répondu : Lorsque la séance sera terminée, alors…

— Où est-il ?

— Il est probablement sorti dans le vestibule ; il s’est promené quelque temps par ici. Le voilà, c’est lui-même, dit le garçon en désignant un homme de