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Frou, d’elle-même, ayant deviné ce qu’il pensait, sans être stimulée, prit de l’avance et se rapprocha de Makhotine, de la façon la plus avantageuse, du côté de la corde. Makhotine ne lui en laissa pas le temps. À peine Vronskï eut-il pensé qu’on pouvait passer en dehors, que Froufrou avait changé de jambe et commençait à le dépasser précisément de telle façon. L’épaule de Froufrou, qui commençait à s’embrunir de sueur, était en ligne avec la croupe de Gladiateur ; ils firent quelques pas côte à côte, mais devant l’obstacle dont ils s’approchaient, Vronskï pour ne pas prendre le grand cercle commença à agiter les rênes, et, rapidement, à la descente, dépassa Makhotine. Il aperçut en passant son visage couvert de boue. Il lui sembla même qu’il souriait. Vronskï dépassa Makhotine mais aussitôt il le sentit derrière lui, et perçut dans son dos la respiration saccadée et l’haleine encore tout à fait fraîche des naseaux de Gladiateur.

Les deux obstacles suivants : fossé et barrière, furent franchis facilement, mais Vronskï commença à entendre plus près le souffle et les pas de Gladiateur. Il stimula sa monture et, avec joie, sentit qu’elle accélérait aisément sa course.

Le souffle et le son des sabots de Gladiateur lui indiquèrent qu’il avait repris son avance.

Vronskï tenait la tête, c’était précisément ce qu’il voulait, ce que lui avait conseillé Cord, et maintenant il était sûr de la victoire. Son émotion, sa joie