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de trois archines de largeur, que les cavaliers, à leur gré, pouvaient sauter ou passer à gué.

Trois fois les cavaliers s’étaient alignés, mais chaque fois l’un ou l’autre cheval devançait les autres et il fallait recommencer.

Le célèbre starter, le colonel Sestrine, commençait à se fâcher, quand enfin, pour la quatrième fois, il cria : « En marche ! » et les cavaliers s’élancèrent.

Tous les yeux, toutes les jumelles étaient tournés sur le groupe bizarre des cavaliers, pendant qu’ils s’alignaient « On a donné le signal ! On court ! » s’écriait-on de tous côtés après le silence de l’attente. Et les piétons, par groupes, commencèrent à courir d’un endroit à l’autre afin de mieux voir.

Au premier moment le rang des cavaliers s’allongea et on les vit par deux ou trois, l’un après l’autre, s’approcher de la rivière. Pour les spectateurs ils semblaient être tous ensemble, mais pour les cavaliers il en était autrement : chaque seconde avait pour eux une grande importance.

Froufrou, émue et trop nerveuse au premier moment, laissa quelques chevaux quitter leur place avant elle, mais bien avant la rivière, Vronskï, retenant de toutes ses forces sa monture, dépassait facilement trois cavaliers et devant lui il n’avait plus que le roux Gladiateur avec Makhotine qui sans peine devançait Vronskï ; enfin, devant tous