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bovski et l’Anglais la menait par la bride. Vronskï, comme tous ses camarades, connaissait l’amour-propre excessif de Kouzovlev, joint à la faiblesse de ses nerfs.

Chacun savait qu’il avait peur de tout et craignait de monter un cheval de front, mais maintenant, précisément parce que c’était dangereux, parce que les hommes pouvaient se casser le cou, parce que, près de chaque obstacle se tenaient un médecin, le fourgon d’ambulance avec la croix rouge et les infirmières, il avait résolu d’y participer. Son regard rencontra les yeux de Vronskï qui lui fit un signe amical, encourageant. Il voyait tout, sauf son principal concurrent, Makhotine et son Gladiateur.

— Ne vous hâtez pas, disait Cord à Vronskï, et souvenez-vous d’une chose : Ne stimulez pas la monture près de l’obstacle, laissez-la aller comme elle veut.

— Bon, bon ! dit Vronskï en prenant les guides.

— Si c’est possible prenez la tête, mais ne vous désespérez pas jusqu’au dernier moment, même si vous restez en arrière.

Le cheval n’avait pas eu le temps de se mouvoir que Vronskï, d’un mouvement vigoureux et habile, mettait le pied sur l’étrier d’acier et, avec aisance, s’installait sur la selle dont le cuir grinçait. Attrapant du pied droit l’autre étrier, d’un geste habile il égalisa entre ses doigts les doubles guides, et