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courir, étaient remmenés par les palefreniers, et, l’un après l’autre, paraissaient des chevaux frais pour la prochaine course, la plupart de race anglaise, et dans leurs couvertures bien sanglées, ils ressemblaient à d’énormes et étranges oiseaux. À droite, on amenait la belle et svelte Froufrou qui s’avançait d’un pas élastique, comme si ses jambes, assez longues, se fussent posées sur des ressorts.

Non loin d’elle, on ôtait à Gladiateur sa couverture, et ses formes belles et régulières, avec sa croupe superbe et ses pieds extraordinairement courts, attiraient l’attention de Vronskï. Il voulut s’approcher de son cheval, mais de nouveau un ami l’arrêta et en causant se mit à dire :

— Ah ! voilà Karénine ! Il cherche sa femme et elle est au milieu de la tribune. Vous ne l’avez pas vue ?

— Non, je ne l’ai pas vue, répondit Vronskï ; et sans même regarder la tribune où, lui disait-on, était madame Karénine, il s’approcha de son cheval.

Vronskï n’avait pas eu le temps de vérifier la selle, à propos de laquelle il devait donner un ordre, qu’on appelait les cavaliers à la tribune, afin de tirer les numéros d’ordre. Dix-sept officiers, les visages sérieux, sévères, certains même pâles, se réunirent devant la tribune et tirèrent les numéros. Vronskï prit le numéro 7. On entendit le commandement : « En selle ! »