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Stépan Arkadiévitch, fit une moue Correction (×) : « bonne enfant » → « bon enfant » (coquille)
, comme un homme offensé et dérangé sans raison.

— C’est bien ! dit-il. D’abord, chaque fois qu’un homme vend quelque chose, aussitôt la vente faite, on lui dit que cela valait beaucoup plus cher. Mais auparavant, personne ne lui dit jamais rien… Mais je vois que tu as une dent contre ce malheureux Riabinine.

— Possible ! Et sais-tu pourquoi ? Tu diras encore que je suis un rétrograde ou pire que cela, mais cependant, j’éprouve un grand dépit et suis profondément attristé de voir l’appauvrissement de la noblesse, de cette noblesse à laquelle j’appartiens, et à laquelle, en dépit de la fusion des classes, je suis très content d’appartenir ; si encore cet appauvrissement était le résultat d’une vie luxueuse, cela ne serait rien ; vivre en grand seigneur, c’est l’affaire des gentilshommes, eux seuls le savent ; que les paysans, autour de nous, achètent la terre, je ne m’en plains pas : les seigneurs ne font rien, les paysans travaillent et se placent ainsi au-dessus de l’homme oisif. C’est dans l’ordre des choses et je l’approuve tout le premier. Mais je suis peiné de voir que cet appauvrissement est dû, comment dirai-je, à une sorte de bêtise de notre part. Un fermier, un Polonais, vient d’acheter à moitié prix à une dame qui habite Nice, un magnifique domaine ; un autre marchand acquiert pour un rouble la déciatine de la terre qui en vaut dix, et