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droit de mépriser Lévine, il était donc son ennemi. Mais Lévine ne s’expliquait pas tout cela. Il sentait vaguement qu’il y avait en ce fait quelque chose d’offensant pour lui, et sa mauvaise humeur s’étendait à tout d’une façon générale. Cette vente ridicule, cette duperie, dont était victime Oblonskï, et qui s’était signée chez lui, l’irritait aussi.

— Eh bien, as-tu terminé ? demanda-t-il à Stépan Arkadiévitch, quand il fut en haut. Veux-tu souper ?

— Oui. Je ne refuse pas. Quel appétit j’ai à la campagne, c’est admirable ! Pourquoi n’as-tu pas proposé à Riabinine de manger ?

— Que le diable l’emporte !

— Oh ! comme tu t’es conduit envers lui, tu ne lui as même pas serré la main. Pourquoi donc ?

— Parce que je ne donne pas la main à mon valet et que mon valet vaut cent fois mieux que lui.

— Quel aristocrate tu fais ? Et l’union des classes ?

— Qui trouve du plaisir à l’union s’unisse, moi, cela me dégoûte.

— Je vois que tu es un vrai réactionnaire.

— Vraiment ! Je ne m’en étais jamais douté. Moi je suis Constantin Lévine, c’est tout.

— Et Constantin Lévine qui est de très mauvaise humeur ! dit en riant Stépan Arkadiévitch.

— Oui, je suis de mauvaise humeur et sais-tu pourquoi ? Excuse-moi… c’est à cause de ta sotte vente…