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— Ah ! dit joyeusement Lévine en tendant ses deux bras. Voilà un hôte gai ! Ah ! comme je suis heureux de te voir ! s’écria-t-il en reconnaissant Stépan Arkadiévitch.

« Je vais savoir si elle est mariée ou quand elle se marie ! » pensa-t-il. Et, par ce beau jour de printemps, il constata que son souvenir ne lui était pas du tout pénible.

— Hein ! tu ne m’attendais pas ? dit Stépan Arkadiévitch en sortant du traîneau, le nez, le front et les sourcils tachés de boue, mais brillant de joie et de santé. Je suis venu pour te voir, premièrement, dit-il en l’embrassant ; pour chasser, deuxièmement ; et troisièmement pour vendre la forêt d’Ergouchov.

— Très bien ! quel beau temps. Comment as-tu pu venir en traîneau ?

— En voiture c’est encore pire, Constantin Dmitritch, répondit le postillon qu’il connaissait.

— Eh bien, je suis ravi de te voir, dit Lévine en souriant franchement d’un sourire enfantin et joyeux.

Lévine conduisit son hôte dans la chambre d’amis où furent apportés les bagages : la valise, le fusil dans son étui, une petite sacoche à cigares, et, le laissant se laver et s’habiller, Lévine alla au bureau donner des ordres pour le labourage et le trèfle.

Agafia Mikhailovna, toujours très soucieuse de l’honneur de la maison, le rencontra dans le vestibule et le questionna au sujet du dîner.