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trois osminik[1] de froment ; il dit qu’on ne peut pas le distinguer du seigle.

— Et il y a longtemps que vous avez commencé à semer le froment ?

— C’est vous-même qui nous l’avez appris, l’avant-dernière année. Vous m’en avez même fait présent de deux pouds ; nous en avons vendu deux sacs et nous en avons ensemencé trois osminik.

— Eh bien ! prends donc garde, effrite les mottes, dit Lévine en revenant vers son cheval, et veille à Michka. Si le travail est bien fait, je te donnerai cinquante kopeks par déciatine.

— Merci beaucoup, nous n’avons pas à nous plaindre de vous.

Lévine monta à cheval et alla dans le champ planté de trèfle de l’année passée et dans celui qui était préparé pour le froment.

La pousse du trèfle sur le chaume était merveilleuse. Il était déjà tout vert à travers les tiges cassées du froment de l’année précédente. Le cheval enfonçait dans le champ et avait peine à se dégager de la terre à demi-fondue. Sur la terre labourée il était tout à fait impossible de passer, on ne pouvait se tenir que là où il y avait de la glace, ailleurs on enfonçait jusqu’aux genoux.

Le labourage était parfait ; dans deux jours on pourrait ensemencer. Tout était beau, tout était

  1. Un osminik égale un demi-hectare.