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jusqu’aux moindres détails, Lévine donna l’ordre de les conduire dans les prés et d’amener les jeunes veaux dans l’enclos. Le berger, gaiement, courut se préparer pour partir aux champs. Les femmes qui soignaient le bétail, les jupes retroussées, enfonçaient dans la boue leurs jambes nues, que le soleil n’avait pas encore brunies, et une gaule à la main elles couraient derrière les jeunes veaux qui mugissaient de la joie du printemps, et les chassaient dans la cour.

En admirant la progéniture de cette année qui était extraordinairement belle, — les veaux avaient déjà la taille d’une vache de paysan et la fille de Pava, âgée de trois mois, avait la taille d’un veau d’un an, — Lévine donna l’ordre d’apporter l’auge et de leur mettre du foin au râtelier ; mais dans l’enclos qui ne servait pas l’hiver, le râtelier, fait en automne, était cassé. Il envoya chercher le charpentier qui devait, comme c’était convenu, construire une machine à battre ; mais le charpentier réparait les herses, ce qui aurait dû être fait en carême.

Lévine était très mécontent. Il l’était surtout parce qu’il ne pouvait réagir contre cette négligence qu’il combattait de toutes ses forces depuis bien des années. Il apprit que le râtelier, qui n’était pas nécessaire pendant l’hiver, avait été transporté à l’écurie où il s’était cassé, parce qu’il était en bois trop peu résistant pour les petits veaux.

En outre, les herses et tous les outils aratoires