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prenez que ma femme, une femme honnête qui a subi les poursuites, les grossièretés, les injures de ces gamins, de… » Or, vous comprenez, les « gamins» en question sont présents et je dois les apaiser. De nouveau je fais appel à toute ma diplomatie, et de nouveau, dès que l’affaire semble s’arranger, le fonctionnaire s’échauffe, s’empourpre, les saucissons s’agitent, et me voilà encore contraint de replonger dans les finesses diplomatiques.

— Ah ! il faut vous raconter cela ! dit Betsy en riant à une dame qui entrait dans la loge. Il m’a tant fait rire ! Eh bien, bonne chance ! ajouta-t-elle, donnant à Vronskï le doigt resté libre de la main qui tenait l’éventail ; elle fit un mouvement pour faire tomber les épaulettes de sa robe et, les épaules nues, elle s’avança à la lumière du gaz et s’offrit à tous les regards.

Vronskï se rendit au Théâtre Français où, en effet, il avait besoin de voir le commandant de son régiment, qui ne manquait pas une seule représentation de ce théâtre ; il désirait lui parler de sa médiation qui l’occupait et l’amusait déjà depuis trois jours. Dans cette histoire étaient mêlés son ami Petritzkï et un autre brave garçon, un gentil camarade arrivé récemment, le jeune prince Kédrov ; mais le principal dans cette affaire, c’est que les intérêts du régiment s’y trouvaient engagés. Tous les deux étaient de l’escadron de Vronskï. Le fonctionnaire, conseiller actuel, Wenden, était venu trouver le commandant