Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pense me montrer que… que… qu’elle compatit… Je ne veux pas de ces condoléances et de ces feintes !

— Kitty, tu es injuste.

— Pourquoi me tourmentes-tu ?

— Mais, au contraire… je vois que tu es triste…

Mais Kitty, dans son emportement, ne l’écoutait pas.

— Je n’ai pas besoin de condoléances et de consolations, je suis assez fière pour ne pas aimer un homme qui ne m’aime pas.

— Mais je n’en doute pas… Dis-moi une seule chose, dis-moi la vérité, continua Dolly en lui prenant la main. Lévine t’a-t-il parlé ?

Au souvenir de Lévine, Kitty cessa d’être maîtresse d’elle-même ; elle bondit de son siège et jetant à terre la boucle qu’elle tenait, elle se mit à parler en agitant rapidement les mains.

— À quoi bon parler encore de Lévine ! Je ne comprends pas le besoin que tu as de me torturer ainsi. Je t’ai déjà dit et je te le répète que je suis fière et que jamais, jamais je ne ferai ce que tu fais : retourner à un homme qui t’a trahie, qui a été épris d’une autre femme, je ne comprends pas cela. Tu le peux toi, moi, j’en suis incapable.

En prononçant ces mots Kitty regarda sa sœur, et voyant que Dolly baissait tristement la tête et se taisait, au lieu de sortir de la chambre comme elle en avait l’intention, elle s’assit près de la porte et