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mettait, pour agir selon sa conscience, — bien qu’il eût toujours beaucoup travaillé et vécu sans luxe, — de travailler à l’avenir davantage et de vivre encore plus simplement. Et tout cela lui semblait si facile à réaliser que tout le long de la route il s’abandonna aux rêves les plus agréables ; et c’est le cœur plein de l’espoir d’une vie nouvelle et meilleure, qu’il arriva chez lui à huit heures du soir.

Des fenêtres de la chambre d’Agafia Mikhaïlovna, la vieille bonne qui remplissait chez lui les fonctions de gouvernante, la lumière tombait sur la neige qui couvrait le petit perron. Elle ne dormait pas encore. Kouzma, éveillé par elle, accourut à la porte, endormi et pieds nus. La chienne de chasse Laska, en renversant presque Kouzma, bondit aussi ; jappant et se frottant contre les jambes de son maître, elle se dressait avec le désir apparent de lui poser ses pattes sur la poitrine mais n’osait le faire.

— Vous êtes revenu bien vite, petit père, dit Agafia Mikhaïlovna.

— Je me suis ennuyé, Agafia Mikhaïlovna. Chez les autres on est bien, mais on est encore mieux chez soi, lui répondit-il ; et il passa dans son cabinet de travail.

Le cabinet s’éclaira lentement à la lueur d’une bougie ; les détails parurent peu à peu : d’abord les bois d’un cerf, des rayons chargés de livres, un miroir, puis un poêle avec des bouches de chaleur