Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Êtes-vous depuis longtemps avec mon frère ? lui demanda-t-il.

— Oui, voilà déjà deux ans. Sa santé est devenue très mauvaise. Il boit, répondit-elle.

— Que dites-vous ? Comment, il boit ?

— Il boit de l’eau-de-vie et c’est très mauvais pour lui.

— Boit-il beaucoup ? chuchota Lévine.

— Oui, fit-elle timidement en voyant rentrer Nicolas.

— De quoi avez-vous causé ? demanda-t-il en fronçant les sourcils et promenant des yeux inquiets de l’un à l’autre. De quoi ?

— De rien, répondit Constantin gêné.

— Ah ! vous ne voulez pas le dire ! Comme il vous plaira ! Seulement tu n’as rien à lui dire : c’est une fille, et toi un monsieur, prononça-t-il en faisant un mouvement du cou. — Je vois que tu as tout compris et apprécié et que tu regardes en pitié mes erreurs, continua-t-il en haussant la voix.

— Nicolas Dmitritch ! Nicolas Dmitritch ! murmura de nouveau Maria Nikolaievna en s’approchant de lui.

— Eh bien, bon, bon ! Mais où est le souper ? Ah ! voilà ! fit-il en apercevant le valet avec le plateau. — Mets-le ici, dit-il d’un air maussade ; et aussitôt il s’empara de l’eau-de-vie, en emplit un petit verre et le vida avidement. — Bois, veux-tu ? dit-il, s’adressant à son frère, d’un ton redevenu