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vage, souffrante et cruelle se peignit sur son maigre visage.

— Je vous ai écrit, à vous et à Serge Ivanitch, que je ne vous connais plus et ne veux plus vous connaître. Que te… Que vous faut-il ?

Il n’était pas du tout tel que se l’imaginait Constantin.

Quand celui-ci pensait à son frère, il oubliait le côté dur et mauvais de son caractère, cause de ses relations si difficiles avec tout le monde, et maintenant qu’il avait devant les yeux son visage peu accueillant et surtout qu’il voyait ses mouvements nerveux de la tête, tout lui revenait à la mémoire.

— Il ne me faut rien. Je veux seulement te voir, répondit-il timidement. Je suis venu tout simplement pour cela.

La timidité de son frère adoucit visiblement Nicolas. Il fit un mouvement des lèvres.

— Ah ! vraiment ! Eh bien, entre, assieds-toi. Veux-tu souper ? dit-il. Macha, apporte trois portions. Non, attends ! Connais-tu monsieur ? demanda-t-il à son frère, lui désignant l’homme en lévite. C’est M. Kritzkï, un ami de Kiev, un homme très remarquable. Naturellement la police le poursuit puisque ce n’est pas un lâche.

Et, par habitude, il regarda tous ceux qui étaient dans la chambre. Apercevant que la femme qui était près de la porte se disposait à sortir, il