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— Ah ! quelle horreur ! Ah ! Anna, si tu avais vu ! Ah ! quelle horrible chose ! disait-il.

Vronskï se taisait, son beau visage était sérieux mais il gardait tout son calme.

— Ah ! si vous voyiez, comtesse ! disait Stépan Arkadiévitch… Et sa femme est ici !… C’est horrible de la voir !… Elle s’est jetée sur le corps… On dit qu’il nourrissait à lui seul une nombreuse famille… Ah ! quel malheur !

— Ne peut-on faire quelque chose pour elle ? fit d’une voix émue madame Karénine.

Vronskï la regarda et aussitôt sortit du wagon.

— Je reviens dans un instant, maman, ajouta-t-il en se retournant à la portière.

Quelques minutes après, quand il revint, Stépan Arkadiévitch parlait déjà à la comtesse de la nouvelle cantatrice, et la vieille femme regardait impatiemment vers la porte, attendant son fils.

— Maintenant, partons, dit Vronskï en entrant.

Ils sortirent ensemble. Vronskï marchait devant avec sa mère ; madame Karénine avec son frère les suivait.

Près de la voiture de Vronskï, le chef de gare le rejoignit :

— Vous avez remis au sous-chef deux cents roubles, veuillez spécifier à qui vous les destinez ? lui demanda-t-il.

— Mais à la veuve, dit Vronskï en haussant les