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XVIII

Vronskï suivit le conducteur jusqu’au wagon et à la portière du coupé, il s’arrêta pour laisser passer une dame qui descendait.

Avec le tact particulier d’un homme du monde, Vronskï reconnut du premier coup d’œil que cette personne appartenait à la haute société. Il s’excusa et pénétra dans la voiture ; mais il éprouva le besoin de la regarder encore une fois, non à cause de sa beauté, de son élégance ou de la grâce discrète qui émanait de toute sa personne, mais parce qu’il avait remarqué, au moment où elle passait devant lui, l’expression douce et tendre de son joli visage. Quand il se retourna, elle aussi tourna la tête. Ses yeux gris et brillants, qui semblaient noirs à cause des sourcils très épais, s’arrêtèrent amicalement et attentivement sur son visage, comme si elle l’eût reconnu, et aussitôt se transportèrent sur la foule