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spirites d’expliquer ce prodige par une force nouvelle est malheureuse. Ils parlent nettement en effet d’une force spirituelle et veulent la soumettre à l’expérience matérielle.

Tous attendaient qu’il finit et il le sentit.

— Je crois que vous feriez un merveilleux médium, dit la comtesse Nordston. Il y a en vous quelque chose de si enthousiaste…

Lévine ouvrit la bouche, pour répondre, mais il rougit et garda le silence.

— Voyons, mesdames, éprouvons la table tout de suite, s’il vous plaît, dit Vronskï. Princesse, vous permettez ?

Et Vronskï se leva, cherchant des yeux le meuble en question. Kitty se tenait debout derrière la table, et, en passant devant, ses yeux rencontrèrent ceux de Lévine. Elle le plaignait de tout son cœur, d’autant plus qu’il s’agissait d’un malheur dont elle-même était la cause. « Si vous le pouvez, pardonnez-moi, disait le regard, je suis si heureuse. »

« Je déteste tout le monde, vous aussi comme moi-même », répondait son regard, et il prit son chapeau. Mais il ne pouvait réussir à s’en aller. À peine commençait-on à s’installer à la table et Lévine allait-il en profiter pour sortir que le vieux prince entra ; il salua les dames et s’adressant à Lévine :

— Ah ! commença-t-il joyeusement. Depuis quand