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gie allemande donne une réponse tout à fait conséquente avec son système. Elle sait quelle école est la meilleure, elle s’est créé un idéal clair, net, jusqu’aux moindres détails, jusqu’aux bâtiments, jusqu’à la fabrication des bancs, la limitation des heures d’études, etc., et elle répond : L’école doit être conçue d’après ce modèle, c’est la seule bonne et toutes les autres sont mauvaises. Je sais que le désir d’Henri IV que le paysan pût mettre la poule au pot tous les dimanches n’était pas réalisable, cependant on ne peut trouver ce désir répréhensible. Mais l’affaire devient tout autre quand la soupe est encore de qualité très douteuse, et quand au lieu de la poule c’est quelque chose de fort indigeste. Et cependant, comme la prétendue science de la pédagogie, en l’occurrence, est liée indissolublement avec le pouvoir, et en Allemagne et chez nous, elle nous prescrit une certaine école idéale : école d’une classe, de deux classes. L’autorité pédagogique et administrative ne veut même pas savoir comment le peuple lui-même désirerait organiser ses écoles. Voyons maintenant comment s’est reflétée en pratique cette opinion sur l’enseignement du peuple. À partir de 1862, dans le peuple, chez nous, commençait à s’affermir de plus en plus la pensée que l’instruction est nécessaire. De divers côtés, des sacristains, des maîtres de différentes sortes, des sociétés, fondèrent des écoles. Ces écoles étaient-elles bonnes ou mau-