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exister la question d’une instruction idéale. En général, dans l’instruction du peuple on ne peut pas plus poser la question de cette façon : Comment peut-on donner la meilleure instruction ? qu’on ne peut demander au sujet de la nourriture du peuple : Comment peut-on préparer le pain le meilleur et le plus nourrissant ? Mais il faut poser ainsi la question : Comment peut-on établir le meilleur rapport entre les personnes qui désirent apprendre et celles qui désirent enseigner ? ou : Comment, avec cette farine-là, préparer le meilleur pain ? Ainsi la question : Comment faut-il enseigner, quelle est la meilleure méthode ? se réduit à celle-ci : Quels doivent être les meilleurs rapports entre le maître et les élèves ?

Personne, je crois, ne niera que le meilleur rapport entre le maître et l’élève est le rapport naturel, que les rapports contraires au naturel sont basés sur la contrainte. S’il en est ainsi, la mesure de toute méthode varie suivant que les rapports mutuels sont plus ou moins naturels, et, conséquemment, suivant que la contrainte à l’étude est plus ou moins grande. Moins les enfants apprennent avec contrainte, meilleure est la méthode ; plus ils sont contraints plus elle est mauvaise. Je suis très heureux de ne pas avoir à prouver cette vérité évidente. Tous sont d’accord que l’enseignement ne peut comporter la nécessité d’apprendre aux enfants ce qui les ennuie et leur déplaît, qu’une pareille